4 ans de Hijra en Algérie – Marie

Introduction :

Marie, 37 ans et mère de trois enfants, partage avec une joie communicative son expérience de la hijra en Algérie depuis près de quatre ans. Découvrez comment cette expatriation, motivée par des liens familiaux et un amour pour le pays, s’est transformée en un véritable épanouissement pour elle et sa famille.


Présentation Personnelle

  • Peux-tu te présenter brièvement ?

Marie, 37 ans et maman de trois enfants.

  • Dans quel pays vis-tu actuellement ? Depuis quand y as-tu fait hijra ?

Je vis en Algérie depuis près de quatre ans maintenant, al hamdoulilah.

  • Pourquoi as-tu choisi ce pays en particulier ?

C’est le pays natal de mon mari, où il a vécu 29 ans. Cela nous offrait des facilités. De plus, j’aimais beaucoup y venir en vacances chaque année depuis 15 ans.

  • As-tu fait la hijra seule, en couple ou en famille ?

En famille. Pour moi, il était impensable que nous soyons séparés.

  • Est-ce ta première hijra ou avais-tu déjà tenté ailleurs avant ?

Oui, c’est ma première hijra, et je ne me voyais pas aller ailleurs.


Vie Familiale et Adaptation

  • Comment s’est passée ton adaptation personnelle à ce nouveau pays ?

Comme un poisson dans l’eau ! Je suis quelqu’un d’assez ouvert d’esprit et tolérant envers les cultures étrangères, donc je n’ai eu aucun souci.

  • Si tu es mariée : comment ton mari s’est-il adapté ?

Bien qu’il ait vécu 29 ans ici, le retour a été plus difficile pour lui que pour moi, x). Mais il a vite repris le rythme.

  • Comment tes enfants ont-ils vécu cette transition ? (environnement, habitudes, logement)

Mon aînée avait 11 ans : super ! Elle arrivait à l’âge où elle avait envie d’aller à l’école seule avec ses copines, donc ce fut la période idéale. Dès le deuxième jour de collège, des copines sont venues la chercher en bas pour aller au collège avec elle en groupe de filles.

Pour ma fille cadette, c’était plus dur car elle était très réservée et très attachée à mes parents, mais elle a fait sa rentrée en sana oula tout à fait normalement.

Ma dernière n’avait que 4 ans, rien de particulier pour elle.

  • Est-ce qu’ils ont réussi à s’adapter facilement ? Ont-ils rencontré des difficultés particulières ?

Oui, elles se sont adaptées très facilement, car je me suis super bien adaptée, donc elles ont dû le ressentir, je pense. À savoir que mes enfants étaient 100% francophones, mais cela n’a en rien gêné leur intégration.

  • Est-ce qu’ils parlent ou apprennent la langue du pays ?

Oui, maintenant elles parlent darija algérien et plutôt correctement le foussha.

  • Sont-ils scolarisés ? Si oui, dans quel type d’établissement (public, privé, religieux, francophone) ?

Dans le public, car j’ai totalement confiance en l’enseignement qui y est prodigué, et en effet, le niveau est très bon, surtout en mathématiques.

  • As-tu constaté des progrès chez eux (religion, comportement, langue arabe, etc.) ?

En lecture, oui, elles lisent aussi fluidement en arabe qu’en français, et cela me ravit. Elles mettent le voile et l’abaya à l’école sans que cela ne gêne qui que ce soit !


Vie Quotidienne et Organisation

  • Comment décrirais-tu le coût de la vie dans ton pays d’accueil (logement, nourriture, santé, transports, etc.) ?

Par rapport au salaire moyen, la vie est chère. Dans ma famille, des gens vivent avec 40 000 ou 50 000 DA par mois maximum, et c’est une vie avec pas mal de restrictions, et encore, ils sont propriétaires. Alors, s’ils devaient louer, je ne sais pas comment ils feraient…

  • Est-ce que l’installation a été facile ? (logement, démarches, travail, adaptation)

Oui, car mon beau-père, Allah y rahmo, avait construit un logement pour chacun de ses fils, donc nous en avons bénéficié al hamdoulilah. Je le remercie grandement pour cela, qu’Allah lui fasse miséricorde.

Pour le travail, mon mari étant dans la restauration, nous avions fait en sorte de se relancer ici à son compte. En attendant de trouver le local, etc., il a aussi un peu bricolé avec Yassir, cela nous permettait de vivre correctement sans toucher à nos économies al hamdoulilah.

  • Quelle est ta principale source de revenus actuellement (emploi, business, soutien familial, autre) ?

Le salaire de mon mari (restauration rapide) est notre principal revenu. Et moi, j’ai eu la grande ni3ma de trouver un emploi en ligne sans vraiment en chercher, et cela me permet d’occuper mes journées et d’avoir mon indépendance financière. Qu’Allah récompense les personnes qui m’emploient.

  • À quoi ressemble une journée typique pour toi dans ce pays ?

Tout à fait normale, lol.

J’ai pris plaisir à me réveiller tôt, surtout en hiver. Donc en général, je me réveille vers 6h ou 6h30. Le soleil est très présent, donc cela joue énormément sur notre moral (et la baraka de notre communauté est aux aurores). Je prépare le petit-déjeuner avec le bruit des oiseaux et du coq, et pourtant je n’habite pas dans un endroit isolé, x).

Mes enfants partent à l’école et je fais mon ménage avant de prendre mon travail de 9h à 12h. Ensuite, mes enfants rentrent déjeuner, ils repartent à l’école et reviennent à 15h pour les petits et 15h30 pour les grands.

À 16h, j’ai fini mon travail, je file direct à la salle de sport : c’est un avantage ici, les endroits exclusifs aux femmes sont répandus. Je fais quelques petites courses en rentrant vers 18h et je prépare le dîner. J’ai une vie beaucoup plus structurée et indépendante de quand j’étais en France.

Le mardi après-midi, il n’y a pas école, alors mes enfants vont au cours de soutien l’après-midi.

Le jeudi soir, il nous arrive de se retrouver et d’aller manger dehors parfois. On aime bien les restos populaires style grillades, etc., cela reste accessible et copieux.

Le vendredi, je fais un repas traditionnel, et parfois l’après-midi, si mon mari ne travaille pas, on va boire le café chez une de ses sœurs… rien de très fou, lol.


Environnement Islamique et Éducation

  • Le pays facilite-t-il la pratique religieuse (mosquées, tenue, horaires, ambiance générale) ?

En France, on habitait très loin de la mosquée. Ici, mon mari est facilité al hamdoulilah, il y en a partout. Le voile est quelque chose de normal pour mes filles, elles portent le hijab à l’aise et sans crainte. Me concernant, je porte le niqab et je vais partout avec, sans soucis.

Le ramadan ici, c’est quelque chose. Et l’Aïd, n’en parlons pas ! Mon plaisir le matin de l’Aïd, c’est d’aller sur mon balcon pour écouter le takbir. C’est une ni3ma d’entendre la grandeur d’Allah proclamée à travers tout un pays.

  • As-tu trouvé des structures islamiques fiables (cours pour femmes, savants, écoles religieuses) ?

Oui, à côté de chez moi, il y a une djeme3ia qui propose des cours de Coran gratuitement aux femmes et aux enfants, en warch uniquement. Mes enfants ont commencé là-bas et moi aussi. Cela m’a permis de tisser des liens avec des professeurs, des femmes du quartier. J’ai assisté pour la première fois de ma vie à des révisions de sœurs hafedh al qoran, j’étais vraiment impressionnée. L’Algérie compte un grand nombre de personnes ayant mémorisé le Coran dans son entièreté.

  • As-tu accès à des cercles de science ou des enseignants de confiance pour toi ou tes enfants ?

Oui, la professeure de mes enfants est du minhaj, mais elle leur enseigne lougha et les maths, la science et toutes les matières scolaires. Je l’ai rencontrée à la djeme3ia d’ailleurs, c’est pour ça que je vous invite à fréquenter ce genre de structures pour tisser des liens.

Je n’ai jamais assisté à des cours de science par contre.


Vie Sociale et Liens Familiaux

  • As-tu réussi à te faire un cercle de sœurs ou à t’intégrer dans une communauté sur place ?

Non, car je n’ai pas ressenti le besoin de le faire. J’ai 7 belles-sœurs, donc ça compense, x).

  • As-tu des proches ou des amies vivant dans le même pays que toi ?

Non, mais j’ai rencontré des sœurs bien sûr.

  • Est-ce que l’éloignement avec ta famille (parents, frères/sœurs…) est difficile à vivre ?

Sachant que je suis très proche de mes parents, étonnamment non. WhatsApp compense énormément ! On s’appelle avec ma mère plusieurs fois par jour, et surtout, ma mère et mon père me soutiennent à 100% dans ce projet, ils savent que c’est un grand khir pour moi et mes enfants.

  • Est-ce que tes proches peuvent venir te rendre visite ? As-tu l’occasion de retourner les voir ?

Oui, ils sont déjà venus avec un visa. Une fois par an, je vais leur rendre visite généralement.


Bilan et Conseils

  • Quels sont, selon toi, les avantages de vivre dans ce pays ?

Je suis devenue très chauvine, hhhh. J’aime ce pays comme le mien, donc je ne sais pas si je serai objective, x). Le gros avantage de l’Algérie, c’est son peuple. Alors oui, ils ont du mal à respecter une file d’attente, mais le jour où tu es malade chez toi, ils viennent tous te rendre visite et t’apporter de quoi manger. Si un jour tu fais un malaise dehors, ils sont 10 à te soulever. L’Algérie est un grand peuple qui aime énormément les enfants. Il n’y a pas un bébé qui sort dehors sans avoir des sourires et des dou3a par les gens. Au hanout, si tu n’as pas de sous, il te dit « t’inquiètes pas, tu me paieras demain ». À quel moment on te dit ça en France ? Hhh.

Et aussi la liberté totale. Tu fais ce que tu veux (dans la limite du raisonnable), personne ne te dira rien. Tu inculques ce que tu veux à tes enfants sans gêne ni honte.

  • Et les inconvénients ou les difficultés rencontrées ?

Le gros point noir de l’Algérie, c’est l’administration, mais bon, on s’en sort. Pour les hôpitaux, j’y ai déjà eu affaire. L’infrastructure en elle-même n’est pas terrible, mais les médecins sont excellents, d’ailleurs, ce sont les mêmes qui nous soignaient en France, hhhh.

  • Quels conseils ou rappels aimerais-tu transmettre à une sœur qui envisage de faire la hijra ?

Pense à tes enfants ma sœur. Il est impossible pour eux qu’ils s’épanouissent en tant que musulmans fi bilad al kufr. Et n’aie crainte.

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