9 ans de Hijra en Algérie – Oum Yahya

Témoignage de Hijra – Oum Yahya

1. Présentation personnelle

Peux-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Oum Yahya, j’ai dépassé la trentaine et j’ai 4 enfants.

Dans quel pays vis-tu actuellement et depuis quand as-tu fait la hijra ?

Je vis actuellement en Algérie, depuis bientôt 9 ans.

Pourquoi as-tu choisi ce pays ?

Tout simplement car c’est la nationalité de ma mère et j’y avais les papiers, donc c’était facilité.

As-tu fait l’hijra seule, en couple ou en famille ?

En famille avec mon mari et mes deux enfants à l’époque, en 2016.

Est-ce que c’est ta première hijra ou avais-tu déjà tenté ailleurs avant ?

Avant l’Algérie, nous avons vécu en Tunisie et en Egypte. Ce fut des expériences enrichissantes, mais nous avons largement préféré l’Algérie.

2. Vie familiale et adaptation

Comment s’est passée ton adaptation personnelle à ce nouveau pays ?

Personnellement, ça s’est super bien passé. J’avais déjà des amies qui y habitaient. Je me suis vraiment sentie comme chez moi dès le début et le fait d’avoir les papiers a été vraiment facile. Donc pas de souci de ce côté-là.

Si tu es mariée, comment ton mari s’est-il adapté ?

Pareil, il s’y est senti très bien et nous avons tout de suite adopté le pays.

Comment tes enfants ont-ils vécu cette transition ?

Alors ils étaient tout petits. Mon fils avait un an et demi et ma fille six mois. Alors je pense qu’ils n’ont même pas fait attention aux changements vu qu’ils étaient tout bébés.

Est-ce qu’ils parlent ou apprennent la langue du pays ?

Oui, mes enfants ont été scolarisés dans des écoles algériennes. Du coup, ils sont totalement arabophones et à la maison, on parle français.

Sont-ils scolarisés ? Si oui, dans quel type d’établissement ?

Ils sont scolarisés dans une école privée algérienne qui respecte nos valeurs à quelques minutes de chez nous. La langue arabe est la langue principale mais ils étudient le français quelques heures par semaine.

As-tu constaté des progrès chez eux ?

Oui, au niveau de la langue arabe, le fait de les avoir mis dans une école algérienne a vraiment tout changé. Ils sont devenus arabophones très, très rapidement et ça a été un vrai soulagement sachant qu’à la maison, nous n’avons pas l’habitude de parler en arabe malheureusement.

3. Vie quotidienne et organisation

Comment décrirais-tu le coût de la vie dans ton pays d’accueil ?

Moi je dirais que la vie est quatre fois moins chère qu’en France. Au niveau des logements nous avons des appartements F3, F4 pour une moyenne de 200 euros. Pour la nourriture selon le nombre de personnes dans le foyer ça dépend de ce que vous allez consommer, si vous allez consommer local ou si vous allez avoir besoin d’utiliser de la crème, du beurre, du fromage. Voilà mais c’est relativement beaucoup moins cher qu’en France.

Au niveau de la santé :

  • On n’a pas de sécurité sociale.
  • Après, on n’est pas toujours malade, et même quand on l’est, on ne va pas toujours chez le médecin.
  • Une consultation chez le docteur (pédiatre ou cardiologue) coûte à peu près entre 8 et 10 euros, donc ça reste accessible.
  • Une prise de sang complète coûte environ 40 euros, sachant que ce sont des soins qu’on ne fait pas régulièrement.
  • Scanner IRM coûte entre 100 et 150 euros, mais ce sont des soins assez rares. Après on n’a pas de problème de santé particulière, on n’a pas de pathologie donc je pourrais pas témoigner sur tout.

Coté transport ?

Au niveau du transport le mieux en Algérie c’est d’avoir une voiture même si certaines villes permettent de faire pas mal de choses à pied, l’Algérie est un pays où avoir une voiture me semble indispensable.

Est-ce que l’installation a été facile ?

Oui l’installation a été facile, mon mari était parti en éclaireur avant afin de nous trouver un appartement sachant que là bas le loyer se paye à l’année et du moment où vous avez l’argent c’est assez facile de trouver. Après concernant les meubles on les a fait faire sur place par un menuisier mais on a regretté car beaucoup de modèles sont disponibles directement en magasin, ça évite le temps d’attente et les déceptions. Au niveau du travail au début on est venu avec nos économies le temps de savoir ce qu’on allait faire exactement, sinon l’adaptation a été plutôt simple mais simplement il fallait prévoir un petit budget au moment de l’arrivée.

Quelle est ta principale source de revenus ?

Actuellement nous avons un institut de langue arabe et de Coran et mon mari travaille sur d’autres projets.

À quoi ressemble une journée typique pour toi dans ce pays ?

Alors on a une vie assez classique avec des enfants qui vont à l’école donc à 8h30 le matin et qui finissent à 16h donc on a une vie un peu comme n’importe quelle maman du monde entier. Je profite que les enfants soient à l’école soit pour travailler soit pour prendre des cours donc travailler sur l’apprentissage de notre religion ou alors simplement pour me reposer et faire mon ménage hhh car ça fait partie du quotidien voilà … mais une vie assez classique comme n’importe quelle maman.

4. Environnement islamique et éducation

Le pays facilite-t-il la pratique religieuse ?

Oui, la pratique de la religion en Algérie est très très facile. Le port de la sounnah est apprécié et grandement répandu. Nous n’avons aucune difficulté à ce sujet. Après, il y a des petites choses qui peuvent être étonnantes, aussi bien dans le sens positif que négatif. Par exemple, en Algérie, hormis pour la prière du vendredi, la plupart des salles de prière pour femmes sont fermées. Si vous êtes dehors et que vous souhaitez prier et que vous êtes une femme, il faudra plutôt trouver un parking ou des choses comme ça. Je ne comprends toujours pas, après 9 ans ici, pourquoi les salles de prière pour femmes sont fermées. Est-ce que c’est parce que les Algériennes n’ont pas pour l’habitude de prier en dehors de chez elles, hormis le vendredi ? Mais sinon, voilà, vous avez beaucoup de gens qui portent la sounnah, les hommes portent la barbe avec facilité, les femmes portent le voile, le jilbeb. Aucun problème à ce sujet. C’est très très très facile de pratiquer et il y a de nombreuses mosquées.

As-tu trouvé des structures islamiques fiables ?

Alors, concernant cette question, malheureusement, il y a un manque de structures. Nous sommes encore nombreuses à faire nos cours en ligne. Il y a des cours de Coran chaque samedi matin, mais il y a beaucoup de monde. Alors, pour avoir un suivi régulier, c’est un petit peu compliqué. Ensuite, concernant les savants, il y a quelques cours par-ci par-là, mais malheureusement, ça a été un peu restreint par l’État. Donc, c’est un peu plus compliqué ces dernières années. On a grand espoir que cela s’améliore avec le temps.

As-tu accès à des cercles de sciences ou des enseignants de confiance ?

Alors, j’ai répondu à la question précédente. Pour le moment, moi, je fais mes cours en ligne, mais je sais qu’il est possible de suivre certains savants, notamment dans la capitale, mais malheureusement, c’est souvent trop loin de chez moi.

5. Vie sociale et liens familiaux

As-tu réussi à te faire un cercle de soeurs ou à t’intégrer dans une communauté sur place ?

Alors oui, j’ai des amies qui sont les mêmes depuis des années, et je n’ai pas du mal à faire de nouvelles connaissances vu que je suis très sociable, mais après, pour des raisons personnelles, je restreins mon cercle, mais ce n’est pas difficile de s’intégrer.

As-tu des proches ou des amies vivant dans le même pays que toi ?

Donc ça, j’ai déjà répondu, oui, j’ai des amies ici que j’ai connues notamment en Tunisie ou en France.

Est-ce que l’éloignement avec ta famille est difficile ?

Il l’était au début, mais plus maintenant, on s’habitue à la distance, mais on essaye de se voir plusieurs fois dans l’année. Nous essayons d’aller en France une fois par an, et ma famille étant algérienne/tunisienne vient de temps en temps. C’est pour ma belle famille, vu qu’ils sont français, où c’est plus difficile car il leur faut un visa, mais ils essayent de venir quand ils le peuvent.

6. Bilan et conseils

Quels sont, selon toi, les avantages de vivre dans ce pays ?

Alors clairement, venant de France, nous sommes beaucoup à être d’origine algérienne, donc beaucoup, beaucoup d’entre nous ont cette facilité au niveau des papiers. Donc ça, ça peut être un grand plus. Ensuite, l’Algérie est connue pour être un pays où la salafiyah, la sounnah et la religion est pratiquée facilement. Donc pour moi, ça, c’est un grand avantage. Aussi, le coût de la vie est moins cher que dans d’autres pays musulmans. Donc ça, ça peut être une bonne chose aussi, même s’il faut quand même avoir un certain budget. Le plus gros avantage, bien sûr, c’est la facilité de pratiquer sa religion au quotidien. C’est un grand, grand soulagement et c’est un grand bienfait.

Les inconvénients et les difficultés rencontrées ?

Les inconvénients qu’il y aura en Algérie, ça va être le manque d’infrastructures. Même si c’est en train d’évoluer tout doucement, c’est vrai qu’il n’y a pas grand choix d’activités pour les enfants. À part parfois de faire beaucoup de routes si on n’est pas dans le bon secteur notamment. Donc au niveau des difficultés, ça va être ça. Ça va être vraiment le manque d’infrastructures et parfois, sur certains sujets, les Algériens sont restreints. C’est-à-dire que sur certaines technologies ou types de nourriture, ils ne vont pas trop évoluer. Ils sont très ancrés dans leurs traditions et dans leurs habitudes. Donc l’évolution se fait doucement mais sûrement.

Quel conseil ou rappel aimerais-tu transmettre à une sœur qui envisage de faire la hijra ?

Tout d’abord, c’est de sauver sa religion, sauver ses enfants, se sauver soi-même de la perversion. Sauver ses enfants (oui je le répète hhh), protéger sa religion, être fière, être digne aussi. Ne plus accepter de se faire humilier notamment par la France qui ne respecte pas notre pratique religieuse, qui nous force à faire des péchés ou commettre des interdits ou délaisser des sounnah qui sont pourtant simples à effectuer au quotidien. Donc vraiment placer sa confiance en Allah Azzawjal et fuir le plus tôt possible. Pour moi c’est une question de survie. Aujourd’hui la question ne se pose même plus est-ce que la hijra est obligatoire ? La question est devenue rhétorique. Bien sûr que la hijra est obligatoire car c’est devenu très difficile d’enseigner de bonnes et belles valeurs à nos enfants en France, surtout que l’éducation nationale et notamment le système scolaire leur apprend l’inverse de nos valeurs comme l’homosexualité ou les personnes transgenres, le choix d’identité ect… et j’en passe de leurs perversions qui sont malheureusement trop nombreuses et trop banalisées aujourd’hui.

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