Interview de Sofia – Directrice de l’institut

1. Comment t’est venue l’idée d’ouvrir cet Institut ?
Tout simplement parce qu’auparavant, j’ai été secrétaire dans un autre institut. Après un an d’expérience là-bas, j’avais vraiment envie d’être à mon compte, de diriger les choses à ma manière. Mon mari m’a énormément motivée, bien que j’étais un peu gênée par rapport à mon ancienne directrice d’ouvrir un commerce similaire. Mais finalement, je me suis bien rendue compte que j’étais faite pour ça, alhamdoulilah.

2. Comment se sont passés les débuts de l’Institut ?
Au niveau organisation, ça a été relativement facile, car j’avais de bonnes bases avec mon expérience précédente. Par contre, la publicité a été un défi. Je ne savais pas faire un design, une affiche ou comment trouver mes premiers élèves. Alhamdoulilah, une sœur m’a beaucoup aidée à mes débuts en me proposant ses services à un tout petit prix. Elle m’a appris à utiliser Canva, et aujourd’hui, je gère moi-même toute la publicité. En ce qui concerne le recrutement et l’ouverture, tout s’est bien passé, étant en Algérie trouver des professeurs bilingue n’est pas difficile, alhamdouliLlah.

3. Aujourd’hui, quel est ton rôle principal dans l’Institut ?
Mon rôle principal est celui de directrice, donc je suis impliquée dans les grandes décisions. Cependant, je fais beaucoup confiance à Myriam et Wafa, qui sont très autonomes dans leurs missions respectives. En parallèle, je m’occupe également de toute la publicité : réseaux sociaux, Instagram, Telegram, designs, site internet… tout cela fait partie de mes responsabilités quotidiennes.

4. Comment arrives-tu à organiser ton quotidien entre la gestion de l’Institut et ta vie personnelle ?
Franchement, je fonctionne beaucoup au feeling. Je suis hyper spontanée. Il y a des journées calmes où je discute simplement sur les réseaux, et d’autres où je me lance à fond dans un projet, comme des modification sur le site, un article ou une newsletter. J’ai aussi beaucoup automatisé certaines tâches, notamment avec des outils pour la comptabilité, et j’ai pu déléguer beaucoup de choses avec le soutien de Wafa et Myriam.

5. En tant que directrice, quels sont les défis les plus marquants que tu as rencontrés ?
Ce qui m’a le plus marquée, ce sont les cas de trahison. Certaines profs ont travaillé avec nous, puis sont parties en essayant de faire partir les élèves avec elles, malgré un contrat stipulant que cela est haram. Au début, ça m’affectait énormément, mais aujourd’hui, je suis presque habituée. Je m’en remets à Allah, qui est Le Meilleur Juge.

6. En tant que directrice, qu’est-ce qui te différencie ?
Je dirais ma bienveillance, qui est une qualité clé pour moi. Mais aussi ma fermeté. Être bienveillant, c’est bien, mais il faut savoir dire non et être juste dans certaines situations. Cet équilibre est essentiel. Et je tiens à dire que d’autres directrices le sont également.

7. Comment envisages-tu l’avenir de l’Institut ?
Notre plus grand projet serait d’avoir notre propre programme de langue arabe et de Coran, un projet très cher à mon mari. Cela demande du temps et des ressources, mais nous espérons le concrétiser un jour, in cha Allah. En attendant, nous continuons à mettre tout en oeuvre pour maintenir un haut niveau de qualité pour satisfaire nos élèves et notre équipe.

8. Qu’est-ce qui te motive le plus dans ce travail ?
Ce qui me motive le plus, c’est de permettre à beaucoup d’Algériennes de transmettre leurs connaissances tout en ayant un travail légiféré. Cela me fait énormément plaisir de savoir que certaines peuvent, avec ce métier, améliorer leur quotidien et mettre, comme on dit, « du beurre dans les épinards ». Mais surtout, qu’elles se sentent à l’aise dans notre équipe. Pour moi, c’est primordial que tout le monde se sente bien. Si une professeure me disait qu’elle se sent mal ou pas à l’aise dans nos conditions, je lui demanderais de partir, car cela me ferait vraiment mal au cœur.

Et bien sûr, ce qui me rend vraiment heureuse, c’est de voir les élèves progresser et avancer dans leur religion par le travail de l’équipe et moi-même. Proposer des formules accessibles, voire gratuites, pour permettre à toutes d’apprendre, même sans moyens, est aussi une chose qui me tient à cœur.

9. Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans un projet similaire ?
Avant tout, faites une analyse de vous-même. Tout le monde n’est pas fait pour diriger. Ensuite, renseignez-vous bien : sur le métier, la concurrence, les aspects logistiques comme le recrutement et la gestion des paiements. Enfin, soyez patients, et gardez confiance en Allah. Avec une bonne préparation, tout est possible.