Question : Quand j’étais jeune, 13-15 ans, j’ai volé des objets dans de grands magasins comme Auchan ou Carrefour. J’étais jeune et insouciante et cela m’amusait. Je n’étais pas pauvre. Mais aujourd’hui, je me suis repentie de cela et alhamdoulilah, j’essaye d’être une bonne musulmane. Comment me faire pardonner de mon erreur ? Je ne sais pas pour quel montant j’ai volé et je ne me vois pas me présenter au magasin pour leur dire qu’il y a 15 ans j’ai volé chez eux. Ils me prendraient pour une personne bizarre, je pense. Dois-je payer une compensation ? Comment me repentir pour de bon de ces vols ?
Réponse
Oustadha : Je vais te proposer une solution. Si le vol a eu lieu en France, tu peux essayer de rembourser le magasin directement, par exemple en faisant un virement sur son compte bancaire s’il en a un — Auchan, Carrefour, etc.
Si tu ne veux pas aller toi-même dire : « C’est moi qui ai volé », demande à une personne de confiance de le faire à ta place. Donne-lui l’argent, explique que c’est pour réparer un vol, et qu’elle le transmette au magasin.
Si la personne se souvient à peu près des objets volés, elle peut estimer la valeur totale. Et si elle a pris plusieurs choses, mieux vaut donner une somme un peu plus élevée pour être sûre. Même si elle ne se rappelle pas exactement, il faut faire une estimation raisonnable et l’arrondir à la hausse.
L’interlocutrice : Oui, mais si c’était à Carrefour, c’est cher… Et même si on leur donne l’argent, ils ne vont pas comprendre.
Oustadha : C’est vrai, il ne faut pas aller leur dire directement : « J’ai volé ». En France, cela pourrait poser des problèmes juridiques. Tu pourrais plutôt acheter quelque chose dans le magasin et ajouter discrètement de l’argent si un système de dons existe. Mais dans les grandes surfaces, tout est sécurisé et il n’y a pas vraiment d’endroit où laisser de l’argent anonymement.
L’interlocutrice : Oui… Et puis, si on arrive en disant : « Il y a 15 ans, quelqu’un a volé, voici 100 euros », ils ne vont pas accepter. De toute façon, légalement, il y a prescription.
Oustadha : Dans ce cas, fais toutes les causes possibles : si tu ne peux pas remettre directement l’argent au magasin, trouve une personne fiable pour le faire, ou bien donne la somme à une œuvre bénéfique, en ayant l’intention que la récompense soit destinée au magasin lésé.
L’interlocutrice : C’est-à-dire qu’après 15 ou 20 ans, l’acte n’est plus condamnable légalement, il y a prescription.
Oustadha : Ça se passe bien en France ? Je ne sais pas exactement. Mais même si, légalement, l’affaire est prescrite, il faut tout de même essayer de réparer le tort. Une sœur m’a raconté qu’un jour, elle a restitué de l’argent à un Intermarché et ils ont accepté. Donc, il faut tenter. Si une méthode ne marche pas, essaie-en une autre.
L’interlocutrice : Et si vraiment elle ne peut pas, elle peut faire une sadaqa pour compenser ?
Oustadha : Oui. Si, après avoir essayé toutes les solutions, cela ne fonctionne pas, alors elle doit demander pardon à Allah et se repentir sincèrement. Le vol reste une injustice, car c’est le droit d’autrui. Même si cela remonte à avant sa pratique religieuse, ou avant qu’elle ne soit musulmane, elle doit réparer autant que possible.
J’ai connu des cas où, dans l’enfance, on prenait des choses dans les magasins, comme des fruits ou des bonbons. Mais il faut distinguer :
- Si la personne n’était pas pubère au moment des faits, elle n’est pas tenue responsable sur le plan religieux.
- Si elle était pubère — par exemple à partir de 15 ans — alors elle est responsable devant Allah et doit réparer le tort ou s’en repentir.
L’interlocutrice : Oui, à 15 ans, on considère qu’elle est pubère.
Oustadha : Voilà. Donc si elle était pubère, elle doit absolument faire les démarches pour rendre l’argent ou, si ce n’est pas possible, donner en sadaqa avec l’intention que la récompense aille à la personne ou à l’enseigne lésée. Quand une personne est pubère et qu’elle a volé, elle doit rendre la valeur estimée de ce qu’elle a pris.
L’interlocutrice : Oui, bien sûr. Mais le problème avec les grands magasins, c’est que si tu vas à l’accueil et que tu donnes 100 ou 200 euros, on ne sait pas vraiment où cet argent ira. La personne à l’accueil pourrait le garder pour elle au lieu de le transmettre à la direction. C’est délicat.
Oustadha : Dans ce cas, la personne peut essayer d’autres moyens. Par exemple, envoyer une lettre ou un virement à l’enseigne, ou faire un achat équivalent pour compenser, avec l’intention de rendre ce qu’elle a pris. L’important est d’essayer sincèrement, sans chercher à se faire remarquer.
L’interlocutrice : Oui, mais écrire au PDG de Carrefour, par exemple… Je doute que cela aboutisse. On parle d’une multinationale, pas d’un petit magasin de quartier.
Oustadha : C’est vrai que ce n’est pas la même chose qu’un petit commerce. Mais il ne faut pas être négatif. Il faut tenter avec une intention sincère (niyya). Même si la somme est faible ou si le vol remonte à longtemps, il faut chercher à rendre.
L’interlocutrice : Bien sûr. Et si c’était juste pour goûter un raisin, par exemple ?
Oustadha : Pour les enfants, ce n’est pas pareil. Avant la puberté, ils ne sont pas responsables religieusement. Mais à partir de 13 ou 14 ans, si la personne est pubère, elle est responsable et doit réparer ou se repentir. Généralement, si tu ne peux pas rendre directement l’argent à la personne ou à l’enseigne concernée, il faut tout de même chercher un moyen de compenser. Par exemple, si une sœur connaît quelqu’un qui travaille à Auchan ou Carrefour, elle peut se renseigner pour savoir s’il est possible de remettre une somme, même symbolique, afin de réparer l’acte.
L’interlocutrice : Oui, si certaines sœurs ont des contacts dans ces enseignes, elles pourraient vérifier.
Oustadha : Oui, car l’important, c’est de faire preuve de sincérité (niyya) et de rendre ce qui ne nous appartient pas. Qu’Allah facilite à celui qui s’est repenti la possibilité de restituer. Et si vraiment ce n’est pas possible, alors on se repent sincèrement auprès d’Allah. Cela vaut même pour celui qui n’était pas musulman à l’époque, car cela relève des droits des gens (huquq al-‘ibad), et non seulement des droits envers Allah. Entre toi et Allah, il y a le repentir, mais envers les gens, il faut réparer le préjudice autant que possible.
L’interlocutrice : C’est vrai. On a peut-être tous fait des bêtises étant jeunes…
Oustadha : Oui. L’essentiel est de reconnaître, se repentir et chercher à réparer dans la mesure du possible.