Question : Salam alaykoum wa rahmatoullah. Qu’Allah vous préserve et vous récompense.
Ma question. Mon mari a coupé les liens avec sa sœur pour le fait qu’elle ne porte pas le hijab correctement, qu’elle ne lui obéisse pas dans certaines choses comme l’étude du Coran, etc. Mon mari refuse que je rentre en contact avec elle. Or, je la considère comme ma famille. Elle est aussi la tante de mon enfant. Je ne veux pas être associée à son péché de couper les liens familiaux. Qu’est-ce qui est préférable ? Obéir à mon mari ou maintenir les liens familiaux ? Qu’Allah vous récompense.
Réponse
Oustadha : Ma réponse à cette question est claire : il ne faut jamais couper les liens de parenté, même si la personne n’est pas voilée ou commet des péchés. Les grands savants insistent sur le fait que couper les liens est un péché. Il faut toujours maintenir ces liens. Ton mari est fautif, pas toi. C’est lui qui doit garder le contact et, en même temps, conseiller cette sœur avec sagesse. Il ne faut jamais couper les liens, qu’elle soit voilée ou non. Même si elle fait des erreurs, il faut continuer à lui donner des conseils avec douceur et patience.
La femme a le droit de ne pas désobéir à Allah, même si cela signifie ne pas obéir à son mari dans certaines situations. C’est l’homme qui est fautif dans ce cas.
L’interlocutrice : Oui, elle n’est pas en désobéissance. C’est dommage, car parfois celle qui fait les péchés risque de s’éloigner ou de fuir.
Oustadha : Oui, en effet, une attitude dure ne fait qu’éloigner les gens. Il y a beaucoup de femmes qui ne portent pas le voile mais ont un bon cœur, font de bonnes actions. Par exemple, j’avais une amie à l’université, elle ne portait pas le voile mais elle était timide et pieuse. J’étais voilée, mais je ne lui ai jamais forcé la main. J’étais toujours gentille et bienveillante avec elle. Par la douceur et les bonnes actions, elle a fini par porter le voile, subhanallah.
C’est avec le bon comportement qu’on attire les gens vers l’islam, pas avec la contrainte. Si on agit autrement, on risque de faire fuir les gens et de les pousser à détester notre religion. La meilleure méthode, c’est la gentillesse et la bienveillance.
C’est pour cela que le Prophète (sallallahu alayhi wa sallam) encourage à faire des cadeaux : un petit cadeau crée de l’affection et rapproche les cœurs. Même un stylo ou un bonbon offert avec sincérité est un grand geste. Cela signifie : « Je t’aime, je tiens à toi, je partage un peu de ma vie avec toi. »
Oustadha : Toutes ces choses peuvent changer avec la bonne attitude. Le Prophète Muhammad (sallallahu alayhi wa sallam) a dit : « Si tu étais sévère et dur dans ton comportement, les gens ne se seraient pas rapprochés de toi, ni de l’islam. » Mais comme il avait un excellent caractère, subhanallah, tous les compagnons ont suivi et l’islam s’est répandu.
Avec un bon comportement et la science, on peut investir beaucoup dans la da‘wa et guider un grand nombre de personnes vers l’islam.
L’interlocuteur : Une sœur pose une question intéressante : elle parle du fait de boycotter un musulman parce qu’il a commis un péché. Dans quels cas doit-on faire cela ? Par exemple, il y a une histoire avec un sahaba. Quand est-il permis de boycotter quelqu’un en raison de son péché ?
Oustadha : Les compagnons pratiquaient parfois le boycott, mais ce n’était pas systématique dans tous les cas. On applique le boycott quand il y a un intérêt clair à cela. Sinon, on ne le fait pas.
Par exemple, face à une femme qui ne porte pas le voile, on ne peut pas adopter une attitude bureaucratique et rigide, car cela risque d’aggraver la situation. Ce n’est pas dans notre intérêt. Le boycott doit viser un bien.
Je connais des cas où je ne parle pas à une personne trois jours, et elle finit par revenir et demander pardon. C’est une façon d’éduquer. Mais parfois, le boycott peut renforcer la rancune et rendre la personne pire qu’avant. Donc il faut toujours peser l’intérêt.
L’interlocutrice : Est-ce que le péché doit forcément nous concerner pour qu’on boycotte ? Par exemple, si j’apprends que ma voisine commet un péché, dois-je la boycotter ?
Oustadha : Non, tu ne vas pas la boycotter.
L’interlocutrice : Bien sûr. Je peux être attristée pour elle, mais ce n’est pas mon problème directement.
Oustadha : Oui, exactement. Moi, je dirais même un petit hadith, ça te fera du bien. Mais pour autant, je ne la boycotterai pas pour ça.
L’interlocutrice : Oui, voilà. Si elle m’a fait du mal, est-ce mieux que je lui pardonne, par exemple ?
Oustadha : Oui, il vaut mieux pardonner. Parce que quand tu pardonnes, elle se dit : « Ah, masha’Allah. » C’est bien mieux ainsi.
L’interlocutrice : Oui, c’est mieux que de la boycotter, parce que ça ne marche pas vraiment…
Oustadha : Exactement, le boycott ne fonctionne pas beaucoup aujourd’hui. Ce sont des cas très particuliers. Les grands savants insistent toujours sur l’intérêt. Mais aujourd’hui, nous avons surtout besoin de douceur, beaucoup plus qu’avant.
L’interlocutrice : C’est vrai, nos cœurs sont devenus plus durs aussi.
Oustadha : Oui, c’est une époque où la douceur est primordiale. Ce n’est pas facile, ce n’est pas comme à l’époque du Prophète, où les choses grandissaient naturellement et où il avait lui-même un bon comportement. Sinon, je ne vois pas comment accompagner les gens aujourd’hui.