Question : Mes parents sont d’origine kabyle, en Algérie. Mon père déteste les musulmans, les Arabes et surtout les femmes voilées. Il insulte l’islam et ma famille (oncles, tantes, cousins) célèbre les fêtes des non-musulmans, boit de l’alcool, etc. Ma mère et mes sœurs jeûnent mais ne prient pas, et mon frère se dit athée. Je priais en cachette, mais mon père m’a menacée de violence en le découvrant. Je ne pouvais ni porter le voile à l’école ni pratiquer librement. J’ai donc fini par me marier en cachette avec un imam salafi comme tuteur, car aucun membre de ma famille n’était apte à jouer ce rôle. Quand j’ai annoncé mon mariage, ils ont mal réagi, pensant que j’étais partie avec un homme de façon honteuse. Tous ont coupé les liens avec moi, sauf ma mère avec qui je parle encore au téléphone, alhamdoulillah. Cela fait presque deux ans, j’ai une fille, mais ils ne cherchent même pas à la connaître.
Ma question : que puis-je faire pour garder les liens de parenté, alors que la majorité de ma famille m’a bloquée et me considère comme morte ?
Réponse
Oustadha : Qu’Allah te facilite ma sœur. Qu’Il guide ta famille et tout le monde. Il faut préserver les liens familiaux. Même si ton père n’aime pas la religion, même s’il l’insulte — et insulter la religion, c’est franchement du koufr — ce n’est pas à dire qu’il l’a quitté, mais c’est du koufr. Malgré cela, tu dois essayer de garder un lien, surtout avec les parents. Il ne faut pas couper les liens. Si tu crains que, lorsque tu iras le voir, il te menace ou te fasse quelque chose, alors au moins, prends ton téléphone et appelle-le.
L’interlocutrice : Il l’a bloquée.
Oustadha : Eh bien, s’il l’a bloquée… Elle a dit : « Je l’appelle mais il ne me répond pas. » Dans ce cas, c’est bon. Tu as fait ta part. Si tu as peur d’aller lui rendre visite à cause de menaces, ou si tu crains qu’il te fasse du mal, alors tu n’as pas de péché, ma sœur. Parce que tu as fait toutes les causes nécessaires. Et même vis-à-vis de l’autre partie de la famille — oncles, tantes — ce sont des liens qu’on doit préserver. C’est une obligation. Si tu fais tout ce que tu peux, tu n’as pas de péché. Au contraire, tu seras récompensée. Il faut patienter. Dans tous les cas, qu’Allah guide ta famille et la protège. Ce que tu as fait n’est pas mal, c’est bien. Quant à l’autre femme, in shaa Allah, qu’Allah la guide aussi. Mais fais des dou’âs pour qu’Allah guide tes parents et ton frère surtout.
L’interlocutrice : Elle a dit : je dois essayer de les appeler.
Oustadha : Oui, elle doit essayer de les appeler. En fait, elle doit faire toutes les causes possibles.
L’interlocutrice : Toutes les causes, oui… Jusqu’à ce qu’un jour ils répondent.
L’interlocutrice : Je voulais revenir sur la question des liens de parenté. Est-ce qu’il y a… comment dire… une règle ? Par exemple, prenons le cas de moi et ma tante. Dans l’obligation de maintenir les liens de parenté, est-ce que c’est à la personne la plus jeune de faire les démarches, ou bien est-ce que la personne plus âgée est aussi concernée ? Je ne sais pas si tu me comprends. Ma tante, par exemple, a peut-être 60 ans. Est-ce que c’est à moi de l’appeler pour maintenir le lien, ou bien est-ce qu’elle aussi a ce devoir envers moi, même si je suis sa petite nièce ?
Oustadha : Les deux sont concernés. Mais, par politesse, par gentillesse, par bon comportement, c’est mieux que la nièce appelle sa tante. Parce que nous, en tant que musulmans, on doit garder les liens, et on doit respecter les aînés. Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit qu’on respecte les plus âgés. Donc oui, c’est préférable que la plus jeune prenne l’initiative, c’est un bon comportement.
L’interlocutrice : Par exemple, mon oncle qui a plus de 70 ans… ce n’est pas lui qui va…
Oustadha : Voilà, même les grands-parents, pareil. Ce n’est pas par impolitesse, mais justement, c’est un bon comportement que ce soit la plus jeune personne qui appelle. Et en plus, tu y gagnes une récompense. Prendre ton téléphone deux minutes, même pas trois, tu es récompensée auprès d’Allah.
L’interlocutrice : Donc, on peut dire que par respect pour l’aîné, c’est préférable que ce soit le plus jeune qui prenne des nouvelles. Mais l’aîné a quand même un devoir envers le lien familial, non ?
Oustadha : Oui, bien sûr. Lui aussi a un devoir par rapport à ce lien, par rapport à l’attente.