Question : Ma maman vit en Guadeloupe, un département français d’outre-mer. Suis-je autorisée à voyager chez elle avec mes enfants ? Mon mari ne peut pas nous accompagner là-bas, mais il peut nous conduire à l’aéroport, et ma mère viendra nous récupérer à l’arrivée. Ma fille a presque 12 ans, et mes fils ont presque 10 et 6 ans. Qu’Allah vous récompense. Je ne sais pas si ce voyage est considéré comme un voyage en France ou non, car la Guadeloupe est très loin.
Réponse
Oustadha : Non, ce sont des voyages ordinaires. Tant que ce n’est pas une nécessité, il n’est pas permis de voyager sans Mahram. Par nécessité, j’entends par exemple que ton mari est malade et que tu dois partir pour des soins urgents. Dans ce cas, c’est permis de voyager. Mais pour un voyage simple, sans raison urgente, il faut absolument être accompagnée d’un Mahram. Voilà ma réponse.
L’interlocutrice : Je comprends. Je voulais juste ajouter que la notion de nécessité n’est pas toujours à nous de la juger. Parfois, des sœurs disent que c’est une nécessité, mais leurs excuses ne sont pas toujours valables. Il faut toujours demander à une personne de science au cas par cas. Par exemple, certaines disent qu’elles n’ont pas vu leur mère depuis deux ans. On comprend la situation, mais ce n’est pas forcément une nécessité au sens religieux.
Oustadha : Effectivement. Il y a aussi une divergence d’opinions sur le fait qu’une femme de plus de 50 ans puisse faire la ‘Umrah ou le Hajj seule, accompagnée d’une personne de confiance. Certains savants autorisent, mais l’avis majoritaire est que ce n’est pas permis. Par exemple, Cheikh Al-Albani a dit que si la femme est âgée de plus de 50 ans et voyage avec quelqu’un de confiance, c’est envisageable. Il a même donné un exemple précis : une fois, un mari a accompagné sa femme jusqu’à l’aéroport, puis il est parti.
L’interlocutrice : Il a fait demi-tour alors ?
Oustadha : Oui, il a fait demi-tour ou annulé son voyage, je ne me souviens plus du terme exact, mais en tout cas, il n’est pas parti avec elle.
L’interlocutrice : Il a changé d’itinéraire ?
Oustadha : Il a changé de route, il y a eu un détournement d’avion. Il n’a pas retrouvé sa femme, alors que normalement, elle devait voyager seule. Avec ce détournement, il n’y avait plus de sécurité pour elle. C’est dangereux pour une femme de voyager seule dans ce contexte. Il n’a pas parlé d’âge, ni donné d’autorisation générale. Il a clairement interdit à cette femme de voyager seule.
L’interlocutrice : Une sœur m’a dit que sur le site de Cheikh Ferkous, il est question d’une autorisation.
Oustadha : Oui, je connais ce point, je me suis renseignée aussi.
L’interlocutrice : C’est donc bien toi, Oustadha, qui donnes cet avis.
Oustadha : Oui, c’est moi.
L’interlocutrice : D’accord. C’est pourquoi je dis qu’il existe une divergence d’opinions.
Oustadha : Exactement, il y a une divergence. J’ai donné cet exemple précis, mais ce n’est pas un avis définitif ou unanime. Ce n’est pas que tout voyage est interdit, mais dans ce cas particulier, ce n’était pas permis.
L’interlocutrice : Oui, je connais bien cette affaire, tous les détails sont préservés, qu’Allah nous protège.
Oustadha : C’est un cas spécial. La femme concernée devait voyager seule car elle n’avait pas de Mahram. Elle était convertie et n’avait personne pour l’accompagner. C’est une situation exceptionnelle. En général, ce genre de voyage n’est pas permis pour une femme musulmane.
L’interlocutrice : Cela concerne surtout les femmes qui n’ont pas de Mahram.
Oustadha : Oui, exactement. C’est ce que précise la fatwa, basée sur cette histoire. Cette histoire est valable pour les converties qui vivent à l’étranger, comme en France ou au Canada. Par exemple, ma jeune fille est la seule convertie dans sa famille et elle n’a pas de Mahram. Dans ce cas, en situation de nécessité, elle peut voyager seule, en invoquant Allah pour sa protection.
Cependant, pour accomplir le Hajj en tant que musulmane vivant dans un pays musulman, il n’est pas permis de voyager sans Mahram. Tu pourrais me demander : « Comment faire dans ce cas ? » Je te réponds que lorsqu’on ne peut pas accomplir une obligation, on n’en est pas tenue. Par exemple, si j’ai l’argent mais pas de Mahram, je ne suis pas obligée de faire le Hajj.
Pour ma part, je suis partie en Hajj accompagnée, avec une sœur et son Mahram. C’est ainsi que la plupart font. Toi aussi, tu es partie avec ton Mahram, n’est-ce pas ?
L’interlocutrice : Oui, avec mon père, mes parents et ceux des autres. Je suis partie avec mon Mahram aussi.
Oustadha : Lorsque j’ai posé la question sur place, on m’a confirmé que voyager sans Mahram n’est pas permis. Même ceux qui l’autorisent parfois disent que c’est permis mais avec des péchés. Dans le cas de cette convertie, qui est la seule musulmane dans sa famille et n’a donc aucun Mahram, c’est une situation de nécessité.
L’interlocutrice : Exactement. Elle ne dit pas qu’elle part seule pour un voyage quelconque comme à New York, ce serait une erreur.
Oustadha : Oui, c’est important de bien préciser cela. Il faut protéger sa religion.
L’interlocutrice : Une sœur pose une autre question : quand on parle de « personnes fiables », de qui s’agit-il exactement ? Qui sont ces personnes de confiance ? Est-ce que ce sont des savants ? Cette sœur a lu la fatwa de Cheikh Chou Ferkous et elle souhaite savoir si elle peut trouver des personnes de confiance à qui se référer pour prendre ce genre de décision.
Oustadha : On doit toujours voyager en toute sécurité. Mais est-ce qu’on peut vraiment trouver des personnes de confiance ? Franchement, non.
L’interlocutrice : La question porte sur la fatwa de Cheikh Ferkous. Moi, je ne l’ai pas lue, mais apparemment, il dit qu’une femme peut partir avec un groupe de confiance.
Ma question est : c’est qui, ce « groupe de confiance » ?
Oustadha : Ce n’est pas facile de répondre, surtout si tu n’es pas convaincue.
L’interlocutrice : Oui, c’est ça. On ne peut pas encourager sans être sûrs. Alors, qui sont ces groupes de confiance aujourd’hui ?
Oustadha : Ah oui, c’est une vraie question rhétorique.
L’interlocutrice : Est-ce qu’on peut vraiment faire confiance à des groupes ? Je ne sais pas. Moi, je ne suis pas experte, mais d’un point de vue apaisant et rassurant, je suis d’accord avec toi. J’ai voyagé plusieurs fois et je me dis souvent que sans mon mari, je serais vraiment en difficulté. Il y a plein d’imprévus : retards d’avion, nuits à l’hôtel, et sans Mahram, tu ne sais jamais comment gérer. Certaines situations sont vraiment compliquées.
Oustadha : Oui, c’est risqué. C’est un vrai danger. Désolée d’insister, mais j’ai un hadith qui me convainc profondément. Je sais qu’il y a des divergences, mais pour moi, je ne suis pas favorable à cette opinion.
Elle reste précieuse à mes yeux, mais je ne la soutiens pas.