Question : Assalamu alaykum, suite à une altercation avec des personnes se disant musulmanes, j’ai des problèmes avec la police et la justice. Ces gens ont menti, m’ont insulté et menacé, mais c’est moi qui en subis les conséquences. J’invoque contre eux en disant qu’Allah les châtie, qu’Il leur donne ce qu’ils méritent, etc. Il m’arrive aussi de dire qu’Allah leur inflige une maladie. Est-ce considéré comme une malédiction ? Pourriez-vous me donner un exemple clair d’invocation qui relèverait de la malédiction, afin que je sache ce qu’il faut éviter ? Je connais les mises en garde de certains savants, comme Shaykh Rabi’, sur ce sujet.
Réponse
Oustadha : Oui, l’invocation avec l’intention de nuire, c’est interdit dans notre religion. Le Prophète ﷺ a dit dans un hadith : « La ta’dou », c’est-à-dire : n’invoquez pas pour un péché.
Donc, invoquer contre quelqu’un en demandant un mal, comme ce que vous avez mentionné dans la question, c’est un péché.
Interlocutrice : Même si on est malheureux ? Même si on a souffert ? Par exemple, si on a été opprimé ?
Oustadha : Même si je suis opprimée. Tous les prophètes, quand ils étaient éprouvés, ils disaient seulement : Hasbuna Allah — Allah me suffit. Je ne peux pas dire plus que ça.
Il est interdit de dire : Qu’Allah lui donne un châtiment, Qu’Allah lui envoie une maladie, Qu’il ait un cancer… non. Faire ce genre d’invocations, c’est un grand péché. Et souvent, ces paroles dépassent la simple douleur : elles deviennent un mal plus grand que ce qu’on a subi. Il y a aussi des invocations liées aux djinns, au wasswas (les mauvaises pensées), ou encore des invocations pour provoquer la rupture des liens entre les gens : tout cela est interdit.
Ce qu’il faut faire, c’est invoquer Allah avec justice. Quand on subit une injustice, on dit simplement : Hasbi Allah ou Hasbun Allah. C’est suffisant.
Interlocutrice : C’est valable aussi bien envers les musulmans qu’envers les non-musulmans ?
Oustadha : Oui. Même un mécréant, je ne vais pas dire : Qu’Allah lui donne une maladie. Non. Surtout envers les musulmans ! Il faut toujours demander pardon à Allah et se repentir. Et si tu veux vraiment invoquer, dis simplement : Hasbiy Allah — Allah me suffit. C’est ce que tous les prophètes ont fait.
Interlocutrice : Il ne faut pas être plus injuste que les injustes, en fait. Même si quelqu’un m’a fait du tort, je ne dois pas devenir injuste envers lui.
Oustadha : Il faut avoir un bon comportement. D’abord, prends exemple sur le Prophète Muhammad ﷺ. Ensuite, un autre exemple : Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah رحمه الله. Parce que peut-être quelqu’un dira : « Moi, je ne peux pas avoir le comportement d’un Prophète. » D’accord, mais tu peux t’en inspirer, car beaucoup de savants ont suivi cet exemple et l’ont appliqué. Je vais te donner un premier exemple.
Le Prophète ﷺ a été frappé, insulté, traité de fou, ils ont dit beaucoup de choses mauvaises sur lui. Et pourtant, quand il a conquis la Mecque (Fath Makkah), les gens avaient peur. Ils se demandaient : « Qu’est-ce qu’il va faire avec nous ? »
Il leur a posé une question : « Qu’est-ce que vous pensez que je vais faire avec vous ? »
Imagine, quelqu’un qui t’a fait du mal, qui t’a frappé, qui t’a insulté, qui t’a fait sortir de ton propre pays, et maintenant tu as le pouvoir sur lui. Mais lui ﷺ, il leur a dit : « Vous partez. Je vous pardonne. » C’est ça l’intelligence. Il a été plus intelligent que ceux qui lui ont fait du mal.
L’interlocutrice : Oui, parce que quand tu pardonnes…
Oustadha : C’est ça, c’est de l’intelligence. Franchement, tu es récompensé par Allah. Et en plus, c’est un excellent comportement. Je te donne un autre exemple : Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah رحمه الله. Il y avait quelqu’un qui lui a fait beaucoup de mal. C’est à cause de cette personne qu’il a été mis en prison. Quand cette personne est morte, l’un des élèves de Cheikh Ibn Taymiyyah a dit : « Alhamdulillah, il est mort, celui-là. C’est lui qui t’a causé tant de mal. » Et Cheikh Ibn Taymiyyah lui a répondu : « Pourquoi tu dis ça ? »
Il a dit : « Il est mort, rahimahuLlah. » Puis il a demandé : « Est-ce qu’il a une famille ? » Pourtant, cet homme-là, c’est lui qui lui avait causé du tort. C’est à cause de cet homme qu’il avait été mis en prison. Il avait souffert à cause de lui. Mais il a demandé : « Est-ce qu’il a une famille ? » On lui a répondu : « Oui. » Il a dit : « Est-ce qu’il a des enfants ? » On lui a répondu : « Oui. »
Il a dit : « Quand je sortirai de prison, c’est moi qui serai leur père. Je vais m’occuper de cette famille. » Pourtant, c’est leur père qui lui avait fait du mal. Franchement, ma sœur, ne t’inquiète pas. Si tu n’arrives pas à pardonner, alors dis : HasbiyAllah (Allah me suffit). Allah va te sortir de tous les problèmes. Mais si tu restes dans la rancune, ce n’est pas bon pour toi, et ce n’est pas bon non plus pour les autres.
L’interlocutrice : En fait, dans les histoires que tu as racontées, ce que j’en retiens, c’est que finalement, celui qui a été opprimé, il en tire… un bénéfice, en fait.
Oustadha : Oui, toujours.
L’interlocutrice : C’est comme si…
Oustadha : Un bénéfice. Un grand bénéfice. Si tu es éprouvée, et que tu patientes, c’est un bénéfice pour toi – ici-bas et dans l’au-delà. Qu’Allah te facilite, ma sœur