Une décision du coeur : Ma hijra en Algérie

Introduction :
Dans ce témoignage sincère et touchant, Maryam partage son expérience de la hijra en Algérie. Âgée de 26 ans, mariée et mère de deux enfants, elle nous ouvre les portes de son quotidien depuis trois ans dans le pays d’origine de son époux.
Présentation Personnelle
- Qui êtes-vous brièvement ?
Je suis Maryam, âgée de 26 ans, mariée et maman de deux enfants.
- Où vivez-vous actuellement et depuis quand y avez-vous fait la hijra ?
Nous résidons en Algérie depuis maintenant trois ans.
- Pourquoi avoir choisi l’Algérie comme terre d’hijra ?
Notre choix s’est naturellement porté sur l’Algérie, car c’est le pays d’origine de mon époux.
- Comment s’est déroulée votre hijra ?
Nous avons fait la hijra en famille, accompagnés de mon époux, de notre fille (qui avait un an et demi à l’époque) et de nos deux chats.
- Était-ce votre première expérience de hijra ?
Oui, c’était ma première hijra et également mon premier voyage hors d’Europe.
Vie Familiale et Adaptation
- Comment s’est passée votre adaptation personnelle à ce nouveau pays ?
Al hamdulillah, mon adaptation s’est déroulée sans encombre. Nous nous sommes sentis chez nous dès notre arrivée, et cela a également été le cas pour ma fille.
- Si vous êtes mariée, comment votre mari s’est-il adapté ?
De son côté, mon mari s’est également très bien adapté. Il était immensément heureux de retrouver enfin sa terre natale.
- Comment vos enfants ont-ils vécu cette transition (environnement, habitudes, logement) ?
Notre fille était encore très jeune lors de notre arrivée (1 an et demi), ce qui a facilité la transition. La principale difficulté au début était l’absence de nos affaires, notamment ses jouets, que nous avons dû remplacer temporairement.
- Ont-ils réussi à s’adapter facilement ? Ont-ils rencontré des difficultés particulières ?
Nous n’avons rencontré aucune difficulté particulière, al hamdulillah.
- Parlent-ils ou apprennent-ils la langue du pays ?
Oui, notre fille apprend l’arabe au Merkez (centre) et nous l’encourageons également à la maison.
- Sont-ils scolarisés ? Dans quel type d’établissement ?
Notre fille est actuellement inscrite dans un Merkez privé, mais nous envisageons de la scolariser dans le public in sha Allah pour la suite.
- Avez-vous constaté des progrès chez eux (religion, comportement, langue arabe, etc.) ?
Absolument ! Au niveau du langage, son enseignante nous a confirmé qu’elle s’exprime très bien en arabe avec ses camarades. Sur le plan religieux, elle apprécie beaucoup l’adhan, est toujours contente d’aller à la mosquée avec son père et montre un intérêt naturel pour le port du hijab en observant les autres filles.
Vie Quotidienne et Organisation
- Comment décririez-vous le coût de la vie dans votre pays d’accueil (logement, nourriture, santé, transports, etc.) ?
N’étant pas véhiculés, nous avons choisi de nous installer à Draria, une ville où tout est à proximité (commerces, commodités, administrations, etc.). Cependant, le loyer y est plus élevé que dans d’autres villes, d’après ce que j’ai entendu. Concernant la nourriture, nous mangeons beaucoup plus sainement ici, soubhan Allah ! Je n’ai jamais manqué de rien en termes de produits, j’ai toujours trouvé ce dont j’avais besoin, et nous sommes des personnes simples qui se contentent de ce qu’Allah nous accorde, al hamdulillah. Pour la santé, il est préférable d’avoir des moyens si l’on souhaite consulter dans le privé. Il existe des dispensaires gratuits, mais toutes les spécialités ne sont pas disponibles. Les salariés ont généralement droit à la carte Chiffa, qui permet une prise en charge des frais de santé.
- L’installation a-t-elle été facile (logement, démarches, travail, adaptation) ?
L’installation a été mitigée. Le logement était neuf mais n’avait pas été nettoyé après les travaux, ce qui a rendu notre arrivée difficile (froid, pas de gaz, appartement vide). Mon mari a trouvé un emploi quelques mois après notre arrivée, al hamdulillah. Cependant, mes démarches administratives en tant qu’étrangère ont été très compliquées. Personne ne semblait savoir où m’orienter pour ma demande de résidence. J’ai finalement trouvé les informations nécessaires après de longues recherches, al hamdulillah.
- Quelle est votre principale source de revenus actuellement ?
À notre arrivée, mon mari travaillait dans une entreprise avec un bon salaire. La situation est plus complexe aujourd’hui, et il perçoit un salaire algérien plus modeste, mais al hamdulillah. Je travaille à mon compte, mais mon activité n’est pas très lucrative. Parfois, cela nous aide bien, et parfois il n’y a pas de rentrées.
- À quoi ressemble une journée typique pour vous dans ce pays ?
Nos journées sont paisibles. Nous nous levons tranquillement, prenons le petit-déjeuner, préparons les enfants pour l’école. Nous croisons les voisins qui font de même ou qui vont travailler. Il y a une atmosphère agréable, le soleil est présent, et l’on ressent une sérénité inexplicable en Algérie – ceux qui y sont déjà venus comprendront soubhan Allah. La journée est rythmée par l’adhan, ce qui nous rappelle constamment l’heure de la prière. L’Algérie est pleine de Rahma !
Environnement Islamique et Éducation
- Le pays facilite-t-il la pratique religieuse (mosquées, tenue, horaires, ambiance générale) ?
Al hamdulillah, il n’y a rien à redire à ce sujet ! La religion est très présente. Bien qu’il n’y ait pas que des femmes voilées et des hommes portant la Sunnah, il y a une certaine pudeur dans les comportements et les tenues. Que l’on soit voilée ou non, les gens ne font pas de différence. Celles qui ne le sont pas ont généralement une pudeur dans leur façon de s’habiller. Il arrive, surtout dans certaines villes comme Draria ou Hydra, de voir des femmes avec des tenues plus « occidentales » (jupes moulantes, talons, maquillage prononcé), qui peuvent être mal vues par certaines femmes et certains hommes.
- Avez-vous trouvé des structures islamiques fiables (cours pour femmes, savants, écoles religieuses) ?
Je ne me suis pas beaucoup renseignée à ce sujet, car je préfère les cours en ligne par manque de temps pour les cours en présentiel. Cependant, d’après ce que j’ai entendu, il existe de nombreuses opportunités, al hamdulillah.
- Avez-vous accès à des cercles de science ou des enseignants de confiance pour vous ou vos enfants ?
Je pense qu’il y en a, mais je n’en fréquente pas personnellement.
Vie Sociale et Liens Familiaux
- Avez-vous réussi à vous faire un cercle de sœurs ou à vous intégrer dans une communauté sur place ?
Je suis plutôt casanière. J’ai participé à quelques sorties entre sœurs, mais ce n’est pas vraiment mon style. Cependant, pour celles qui aiment sortir, il existe des groupes où des sœurs organisent des activités.
- Avez-vous des proches ou des amies vivant dans le même pays que vous ?
Oui, mon mari a de la famille ici.
- L’éloignement avec votre famille (parents, frères/sœurs…) est-il difficile à vivre ?
Personnellement, pas du tout. Je n’ai pas vraiment de liens familiaux, ce qui est triste d’un côté, mais facilite les choses d’un autre.
- Vos proches peuvent-ils venir vous rendre visite ? Avez-vous l’occasion de retourner les voir ?
Les deux seuls membres de ma famille qui pourraient venir ne le font pas : ma grand-mère est trop âgée pour voyager aussi loin, et mon père n’en a pas l’envie, je pense. Nous ne retournons jamais en France, que ce soit pour le travail ou les vacances, ni pour rendre visite à la famille.
Bilan et Conseils
- Quels sont, selon vous, les avantages de vivre dans ce pays ?
La religion omniprésente, la tranquillité de ne pas craindre de problèmes avec les enfants (qui sont considérés comme NOS enfants et non ceux de l’État comme en France), le sentiment d’être chez nous sans regards méprisants ni paroles déplacées. L’Algérie est en plein développement, Allahuma barik, même si le peuple a encore des efforts à faire en termes de savoir-vivre (comme l’entretien des parcs publics).
- Et les inconvénients ou les difficultés rencontrées ?
Le manque de parcs extérieurs bien entretenus pour les enfants est vraiment un point négatif. Le problème ne vient pas de l’État qui en met à disposition, mais du manque de respect de certains. La gestion des déchets dans certains quartiers peut également être compliquée. Et bien sûr, il faut reconnaître que les salaires sont souvent très bas, ce qui ne suffit parfois même pas à payer le loyer.
- Quels conseils ou rappels aimeriez-vous transmettre à une sœur qui envisage de faire la hijra ?
Le Tawakkul (la confiance en Allah) est fondamental. Rappelez-vous ce verset : « Ceux qui ont cru, qui ont fait la Hijrah et qui ont lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier d’Allah, ont les plus hauts rangs auprès d’Allah… et ce sont eux les victorieux. Leur Seigneur leur annonce de Sa part, miséricorde et agrément, et des Jardins où il y aura pour eux un délice permanent. Où ils demeureront éternellement. Certes il y a auprès d’Allah une énorme récompense » (At-Tawbah : 20).
La patience dans les difficultés est essentielle. Rappelez-vous le véritable objectif de la hijra, car parfois la dounya (le bas monde) prend le dessus. On arrive en terre d’Islam en voulant un niveau de luxe que l’on n’avait même pas dans son pays d’origine, soubhan Allah (résidence sécurisée, école privée, produits importés, restaurants…).
Pardonnez ma franchise, mais dans nos pays d’origine (je ne généralise pas, mais c’est souvent le cas), nous vivions dans des logements sociaux, nos enfants étaient scolarisés dans le public… Le but de la hijra n’est pas d’avoir une meilleure vie matérielle, mais une meilleure vie religieuse, al hamdulillah. Pourquoi se ruiner à mettre nos enfants dans le privé au point de s’endetter, soubhan Allah ? Nous sommes dans un pays musulman, non ? Les enseignantes sont musulmanes, le programme n’est pas rempli de choses perverses, etc. Nous ne trouverons jamais l’école parfaite, le pays parfait. Faisons avec ce qu’Allah met à notre disposition et nous facilite.
(Pardonnez mon expression, je ne juge pas ceux qui mettent leurs enfants dans le privé ou vivent dans des résidences sécurisées s’ils en ont les moyens et que cela ne les met pas en difficulté. Mais pour ceux qui s’endettent, vivons selon nos moyens et sans excès.)
Qu’Allah facilite la hijra à tous ceux qui ont une intention sincère et qu’Il nous fasse mourir en terre d’Islam.